Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/120

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bulles à la surface qui ont des mouvements irréguliers qui sont produits par le contact de l’air.

On voit beaucoup mieux à la lumière d’une ou de deux bougies basses qu’au plus grand et au plus beau jour, pourvu que cette lumière ne soit point agitée ; et, pour éviter cette agitation, il faut mettre une espèce de petit paravent sur la table, qui enferme de trois côtés les lumières et le microscope.

On voit souvent des corps qui paraissent noirs et opaques devenir transparents, et même se peindre de différentes couleurs, ou former des anneaux concentriques et colorés, ou des iris sur leur surface, et d’autres corps qu’on a d’abord vus transparents ou colorés devenir noirs et obscurs ; ces changements ne sont pas réels, et ces apparences ne dépendent que de l’obliquité sous laquelle la lumière tombe sur ces corps, et de la hauteur du plan dans lequel ils se trouvent.

Lorsqu’il y a dans une liqueur des corps qui se meuvent avec une grande vitesse, surtout lorsque ces corps sont à la surface, ils forment par leur mouvement une espèce de sillon dans la liqueur, qui paraît suivre le corps en mouvement, et qu’on serait porté à prendre pour une queue ; cette apparence m’a trompé quelquefois dans les commencements, et j’ai reconnu bien clairement mon erreur lorsque ces petits corps venaient à en rencontrer d’autres qui les arrêtaient, car alors il n’y avait plus aucune apparence de queue. Ce sont là les petites remarques que j’ai faites, et que j’ai cru devoir communiquer à ceux qui voudraient faire usage du microscope sur les liqueurs.

EXPÉRIENCES

I

J’ai fait tirer des vésicules séminales d’un homme mort de mort violente, dont le cadavre était récent et encore chaud, toute la liqueur qui y était contenue ; et, l’ayant fait mettre dans un cristal de montre couvert, j’en ai pris une goutte assez grosse avec un cure-dent, et je l’ai mise sur le porte-objet d’un très bon microscope double, sans y avoir ajouté de l’eau et sans aucun mélange. La première chose qui s’est présentée étaient des vapeurs qui montaient de la liqueur vers la lentille et qui l’obscurcissaient. Ces vapeurs s’élevaient de la liqueur séminale, qui était encore chaude, et il fallut essuyer trois ou quatre fois la lentille avant que de pouvoir rien distinguer. Ces vapeurs étant dissipées, je vis d’abord des filaments assez gros, qui dans de certains endroits se ramifiaient et paraissaient s’étendre en différentes branches, et dans d’autres endroits ils se pelotonnaient et s’entremêlaient. Ces filaments me parurent très clairement agités intérieurement d’un mouvement