Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’ondulation, et ils paraissaient être des tuyaux creux qui contenaient quelque chose de mouvant. Je vis très distinctement deux de ces filaments, qui étaient joints suivant leur longueur, se séparer dans leur milieu et agir l’un à l’égard de l’autre par un mouvement d’ondulation ou de vibration, à peu près comme celui de deux cordes tendues qui seraient attachées et jointes ensemble par les deux extrémités, et qu’on tirerait par le milieu, l’une à gauche et l’autre à droite, et qui feraient des vibrations par lesquelles cette partie du milieu se rapprocherait et s’éloignerait alternativement ; ces filaments étaient composés de globules qui se touchaient et ressemblaient à des chapelets. Je vis ensuite des filaments qui se boursouflaient et se gonflaient dans de certains endroits, et je reconnus qu’à côté de ces endroits gonflés il sortait des globules et de petits ovales qui avaient un mouvement distinct d’oscillation, comme celui d’un pendule qui serait horizontal : ces petits corps étaient en effet attachés au filament par un petit filet qui s’allongeait peu à peu à mesure que le petit corps se mouvait, et enfin je vis ces petits corps se détacher entièrement du gros filament, et emporter après eux le petit filet par lequel ils étaient attachés. Comme cette liqueur était fort épaisse, et que les filaments étaient trop près les uns des autres pour que je pusse les distinguer aussi clairement que je le désirais, je délayai avec de l’eau de pluie pure, et dans laquelle je m’étais assuré qu’il n’y avait point d’animaux, une autre goutte de la liqueur séminale ; je vis alors les filaments bien séparés, et je reconnus très distinctement le mouvement des petits corps dont je viens de parler ; il se faisait plus librement, ils paraissaient nager avec plus de vitesse, et traînaient leur filet plus légèrement, et si je ne les avais pas vus se séparer des filaments et en tirer leur filet, j’aurais pris dans cette seconde observation le corps mouvant pour un animal, et le filet pour la queue de l’animal. J’observai donc avec grande attention un des filaments d’où ces petits corps mouvants sortaient, il était plus de trois fois plus gros que ces petits corps ; j’eus la satisfaction de voir deux de ces petits corps qui se détachaient avec peine, et qui entraînaient chacun un filet fort délié et fort long qui empêchait leur mouvement, comme je le dirai dans la suite.

Cette liqueur séminale était d’abord fort épaisse, mais elle prit peu à peu de la fluidité ; en moins d’une heure elle devint assez fluide pour être presque transparente ; à mesure que cette fluidité augmentait, les phénomènes changeaient, comme je vais le dire.

II

Lorsque la liqueur séminale est devenue plus fluide, on ne voit plus les filaments dont j’ai parlé ; mais les petits corps qui se meuvent paraissent en grand nombre ; ils ont pour la plupart un mouvement d’oscillation comme