Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/126

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disposés régulièrement, dont les intervalles étaient quadrangulaires ; ces filets faisaient un réseau assez semblable à une toile d’araignée sur laquelle la rosée se serait attachée en une infinité de petits globules.

X

J’avais bien reconnu, par les observations que j’ai rapportées les premières, que ces petits corps mouvants changeaient de figure, et je croyais m’être aperçu qu’en général ils diminuaient tous de grandeur, mais je n’en étais pas assez certain pour pouvoir l’assurer. Dans ces dernières observations, à la douzième et treizième heure je le reconnus plus clairement, mais en même temps j’observai que, quoiqu’ils diminuassent considérablement de grandeur ou de volume, ils augmentaient en pesanteur spécifique, surtout lorsqu’ils étaient prêts à finir de se mouvoir, ce qui arrivait presque tout à coup, et toujours dans un plan différent de celui dans lequel ils se mouvaient, car lorsque leur action cessait, ils tombaient au fond de la liqueur et y formaient un sédiment couleur de cendre, que l’on voyait à l’œil nu, et qui au microscope paraissait n’être composé que de globules attachés les uns aux autres, quelquefois en filets, et d’autres fois en groupes, mais presque toujours d’une manière régulière, le tout sans aucun mouvement.

XI

Ayant pris de la liqueur séminale d’un chien, qu’il avait fournie par une émission naturelle en assez grande quantité, j’observai que cette liqueur était claire, et qu’elle n’avait que peu de ténacité. Je la mis, comme les autres dont je viens de parler, dans un cristal de montre, et, l’ayant examinée tout de suite au microscope sans y mêler de l’eau, j’y vis des corps mouvants presque entièrement semblables à ceux de la liqueur de l’homme ; ils avaient des filets ou des queues toutes pareilles, ils étaient aussi à peu près de la même grosseur, en un mot ils ressemblaient presque aussi parfaitement qu’il est possible à ceux que j’avais vus dans la liqueur humaine liquéfiée pendant deux ou trois heures. Je cherchai dans cette liqueur du chien les filaments que j’avais vus dans l’autre, mais ce fut inutilement ; j’aperçus seulement quelques filets longuets et très déliés, entièrement semblables à ceux qui servaient de queues à ces globules ; ces filets ne tenaient point à des globules, et ils étaient sans mouvement. Les globules en mouvement et qui avaient des queues me parurent aller plus vite et se remuer plus vivement que ceux de la liqueur séminale de l’homme ; ils n’avaient presque point de mouvement d’oscillation horizontale, mais toujours un mouvement de balancement vertical ou de roulis ; ces corps mouvants n’étaient pas en fort grand nombre, et, quoique leur mouvement progressif fût plus fort que celui