Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/127

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des corps mouvants de la liqueur de l’homme, il n’était cependant pas rapide, et il leur fallait un petit temps bien marqué pour traverser le champ du microscope. J’observai cette liqueur d’abord continuellement pendant trois heures, et je n’y aperçus aucun changement et rien de nouveau : après quoi je l’observai de temps à autre successivement pendant quatre jours, et je remarquai que le nombre des corps mouvants diminuait peu à peu ; le quatrième jour il y en avait encore, mais en très petit nombre, et souvent je n’en trouvais qu’un ou deux dans une goutte entière de liqueur. Dès le second jour, le nombre de ceux qui avaient une queue était plus petit que celui de ceux qui n’en avaient plus ; le troisième jour il y en avait peu qui eussent des queues ; cependant au dernier jour il en restait encore quelques-uns qui en avaient ; la liqueur avait alors déposé au fond un sédiment blanchâtre qui paraissait être composé de globules sans mouvement, et de plusieurs petits filets qui me parurent être les queues séparées des globules ; il y en avait aussi d’attachés à des globules qui paraissaient être les cadavres de ces petits animaux, mais dont la forme était cependant différente de celle que je leur venais de voir lorsqu’ils étaient en mouvement, car le globule paraissait plus large et comme entr’ouvert, et ils étaient plus gros que les globules mouvants, et aussi que les globules sans mouvement qui étaient au fond et qui étaient séparés de leurs queues.

XII

Ayant pris une autre fois de la liqueur séminale du même chien, qu’il avait fournie de même par une émission naturelle, je revis les premiers phénomènes que je viens de décrire ; mais je vis de plus dans une des gouttes de cette liqueur une partie mucilagineuse qui produisait des globules mouvants, comme dans l’expérience ix, et ces globules formaient un courant, et allaient de front et comme en troupeau. Je m’attachai à observer ce mucilage ; il me parut animé intérieurement d’un mouvement de gonflement qui produisait de petites boursouflures dans différentes parties assez éloignées les unes des autres, et c’était de ces parties gonflées dont on voyait tout à coup sortir des globules mouvants avec une vitesse à peu près égale et une même direction de mouvement. Le corps de ces globules n’était pas différent de celui des autres, mais quoiqu’ils sortissent immédiatement du mucilage, ils n’avaient cependant point de queues. J’observai que plusieurs de ces globules changeaient de figure, ils s’allongeaient considérablement et devenaient longs comme de petits cylindres ; après quoi les deux extrémités du cylindre se boursouflaient, et ils se divisaient en deux autres globules, tous deux mouvants, et qui suivaient la même direction que celle qu’ils avaient lorsqu’ils étaient réunis, soit sous la forme de cylindre, soit sous la forme précédente de globule.