Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/151

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CHAPITRE VII

COMPARAISON DE MES OBSERVATIONS AVEC CELLES DE M. LEEUWENHOEK

Quoique j’aie fait les observations que je viens de rapporter avec toute l’attention dont je suis capable, quoique je les aie répétées un très grand nombre de fois, je suis persuadé qu’il m’a encore échappé bien des choses que d’autres pourront apercevoir ; je n’ai dit que ce que j’ai vu, revu, et ce que tout le monde pourra voir, comme moi, avec un peu d’art et beaucoup de patience. J’ai même évité, afin d’être libre de préjugés, de me remplir la mémoire de ce que les autres observateurs ont dit avoir vu dans ces liqueurs ; j’ai cru que par là je serais plus assuré de n’y voir en effet que ce qui est, et ce n’est qu’après avoir fait et avoir rédigé mes observations, comme l’on vient de le voir, que j’ai voulu les comparer à celles des autres, et surtout à celles de Leeuwenhoek.

Je n’ai garde de me comparer moi-même à ce célèbre observateur, ni de prétendre avoir plus d’habileté qu’il n’en a eu dans l’art d’observer au microscope : il suffit de dire qu’il a passé sa vie entière à faire des microscopes et à s’en servir, qu’il a fait des observations continuelles pendant plus de soixante ans, pour faire tomber les prétentions de ceux qui voudraient se mettre au-dessus de lui dans ce genre, et pour faire sentir en même temps combien je suis éloigné d’en avoir de pareilles.

Cependant, quelque autorité que ces considérations puissent donner aux découvertes de ce fameux microscopiste, il est permis de les examiner, et encore plus de comparer ses propres observations avec les siennes. La vérité ne peut que gagner à cet examen, et on reconnaîtra que nous le faisons ici sans aucune partialité, et dans la vue seule d’établir quelque chose de fixe et de certain sur la nature de ces corps en mouvement qu’on voit dans les liqueurs séminales.

Au mois de novembre 1677, Leeuwenhoek, qui avait déjà communiqué à la Société royale de Londres plusieurs observations microscopiques sur le nerf optique, sur le sang, sur la sève de quelques plantes, sur la texture des arbres, sur l’eau de pluie, etc., écrivit à milord Brouncker, président de la