Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX


DISCOURS

SUR LA NATURE DES ANIMAUX

Comme ce n’est qu’en comparant que nous pouvons juger, que nos connaissances roulent même entièrement sur les rapports que les choses ont avec celles qui leur ressemblent ou qui en diffèrent, et que, s’il n’existait point d’animaux, la nature de l’homme serait encore plus incompréhensible, après avoir considéré l’homme en lui-même, ne devons-nous pas nous servir de cette voie de comparaison ? Ne faut-il pas examiner la nature des animaux, comparer leur organisation, étudier l’économie animale en général, afin d’en faire des applications particulières, d’en saisir les ressemblances, rapprocher les différences, et de la réunion de ces combinaisons tirer assez de lumières pour distinguer nettement les principaux effets de la mécanique vivante, et nous conduire à la science importante dont l’homme même est l’objet ?

Commençons par simplifier les choses, resserrons l’étendue de notre sujet, qui d’abord paraît immense, et tâchons de le réduire à ses justes limites. Les propriétés qui appartiennent à l’animal, parce qu’elles appartiennent à toute matière, ne doivent point être ici considérées, du moins d’une manière absolue. Le corps de l’animal est étendu, pesant, impénétrable, figuré, capable d’être mis en mouvement, ou contraint de demeurer en repos par l’action ou par la résistance des corps étrangers ; toutes ces propriétés, qui lui sont communes avec le reste de la matière, ne sont pas celles qui caractérisent la nature des animaux, et ne doivent être employées que d’une manière relative, en comparant, par exemple, la grandeur, le poids, la figure, etc., d’un animal, avec la grandeur, le poids, la figure, etc., d’un autre animal.

De même nous devons séparer, de la nature particulière des animaux, les facultés qui sont communes à l’animal et au végétal : tous deux se nourrissent, se développent et se reproduisent ; nous ne devons donc pas comprendre