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CHAPITRE IV

DE LA GÉNÉRATION DES ANIMAUX

Comme l’organisation de l’homme et des animaux est la plus parfaite et la plus composée, leur reproduction est aussi la plus difficile et la moins abondante ; car j’excepte ici de la classe des animaux ceux qui, comme les polypes d’eau douce, les vers, etc., se reproduisent de leurs parties séparées, comme les arbres se reproduisent de boutures, ou les plantes par leurs racines divisées et par caïeux ; j’en excepte encore les pucerons et les autres espèces qu’on pourrait trouver, qui se multiplient d’eux-mêmes et sans copulation : il me paraît que la reproduction des animaux qu’on coupe, celle des pucerons, celle des arbres par les boutures, celle des plantes par racines ou par caïeux, sont suffisamment expliquées par ce que nous avons dit dans le chapitre précédent ; car, pour bien entendre la manière de cette reproduction, il suffit de concevoir que, dans la nourriture que ces êtres organisés tirent, il y a des molécules organiques de différentes espèces ; que, par une force semblable à celle qui produit la pesanteur, ces molécules organiques pénètrent toutes les parties du corps organisé, ce qui produit le développement et fait la nutrition, que chaque partie du corps organisé, chaque moule intérieur n’admet que les molécules organiques qui lui sont propres, et enfin que, quand le développement et l’accroissement sont presque faits en entier, le surplus des molécules organiques qui y servait auparavant est renvoyé de chacune des parties de l’individu dans un ou plusieurs endroits, où, se trouvant toutes rassemblées, elles forment par leur réunion un ou plusieurs petits corps organisés qui doivent être tous semblables au premier individu, puisque chacune des parties de cet individu a renvoyé les molécules organiques qui leur étaient les plus analogues, celles qui auraient servi à son développement, s’il n’eût pas été fait, celles qui par leur similitude peuvent servir à la nutrition, celles enfin qui ont à peu près la même forme organique que ces parties elles-mêmes ; ainsi, dans toutes les espèces où un seul individu produit son ensemble, il est aisé de tirer l’explication de la reproduction de celle du développement et de la nutrition. Un puceron, par exemple, ou un oignon, reçoit par la nourriture des molécules organiques et des molé-