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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

manière ; la direction de leurs fibres et des lignes spirales est la même, la composition des petites lames formées par les fibres est la même dans les unes et les autres : on voit dans le même endroit les vestiges ou insertions des tendons par le moyen desquels l’animal étoit attaché et joint à sa coquille ; on y voit les mêmes tubercules, les mêmes stries, les mêmes cannelures ; enfin, tout est semblable, soit au dedans, soit au dehors de la coquille, dans sa cavité ou sur sa convexité, dans sa substance ou sur sa superficie. D’ailleurs, ces coquillages fossiles sont sujets aux mêmes accidents ordinaires que les coquillages de la mer ; par exemple, ils sont attachés les plus petits aux plus gros ; ils ont des conduits vermiculaires ; on y trouve des perles et d’autres choses semblables qui ont été produites par l’animal lorsqu’il habitoit sa coquille ; leur gravité spécifique est exactement la même que celle de leur espèce qu’on trouve actuellement dans la mer, et par la chimie on y trouve les mêmes choses ; en un mot, ils ressemblent exactement à ceux de la mer.

J’ai souvent observé moi-même avec une espèce d’étonnement, comme je l’ai déjà dit, des montagnes entières, des chaînes de rochers, des bancs énormes de carrières, tous composés de coquilles et d’autres débris de productions marines, qui y sont en si grande quantité, qu’il n’y a pas à beaucoup près autant de volume dans la matière qui les lie.

J’ai vu des champs labourés dans lesquels toutes les pierres étoient des pétoncles pétrifiés ; en sorte qu’en fermant les yeux et ramassant au hasard, on pouvoit parier de ramasser un pétoncle : j’en ai vu d’entièrement couverts de cornes d’ammon, d’autres