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THÉORIE DE LA TERRE.

les frênes sont tendres et tombent en poussière, aussi bien que les saules. On en trouve qui ont été équarris, d’autres sciés, d’autres percés, avec des cognées rompues, et des haches dont la forme ressemble à celle des couteaux de sacrifice. On y trouve aussi des noisettes, des glands, et des cônes de sapins en grande quantité. Plusieurs autres endroits marécageux de l’Angleterre et de l’Irlande sont remplis de troncs d’arbres, aussi bien que les marais de France et de Suisse, de Savoie et d’Italie.

Dans la ville de Modène et à quatre milles aux environs, en quelque endroit qu’on fouille, lorsqu’on est parvenu à la profondeur de soixante-trois pieds, et qu’on a percé la terre à cinq pieds de profondeur de plus avec une tarière, l’eau jaillit avec une si grande force, que le puits se remplit en fort peu de temps presque jusqu’au dessus : cette eau coule continuellement et ne diminue ni n’augmente par la pluie ou par la sécheresse. Ce qu’il y a de remarquable dans ce terrain, c’est que, lorsqu’on est parvenu à quatorze pieds de profondeur, on trouve les décombrements et les ruines d’une ancienne ville, des rues pavées, des planchers des maisons, différentes pièces de mosaïque, après quoi on trouve une terre assez solide et qu’on croiroit n’avoir jamais été remuée : cependant au dessous on trouve une terre humide et mêlée de végétaux, et, à vingt-six pieds, des arbres tout entiers, comme des noisetiers avec les noisettes dessus, et une grande quantité de branches et de feuilles d’arbres ; à vingt-huit pieds on trouve une craie tendre mêlée de beaucoup de coquillages, et ce lit a onze pieds d’épaisseur, après quoi on retrouve encore