de l’Escaut, après avoir passé trois niveaux d’eau, d’abord sept pieds de rocher ou de pierre dure que les charbonniers nomment en leur langage tourtia ; ensuite, étant parvenu à une terre marécageuse, on a rencontré, comme je viens de le dire, à cent cinquante pieds de profondeur, un tronc d’arbre de deux pieds de diamètre, qui traversoit le puits que l’on creusoit, ce qui fit qu’on ne put pas en mesurer la longueur ; il étoit appuyé sur un gros grès ; et bien des curieux, voulant avoir de ce bois, on en détacha plusieurs morceaux du tronc. La petite pièce que j’ai l’honneur de vous envoyer fut coupée d’un morceau qu’on donna à M. Laurent, savant mécanicien…
» Ce bois paroît plutôt charbonnifié que pétrifié. Comment un arbre se trouve-t-il si avant dans la terre ? est-ce que le terrain où on l’a trouvé a été jadis aussi bas ? Si cela est, comment ce terrain auroit-il pu augmenter ainsi de cent cinquante pieds ? d’où seroit venue toute cette terre ?
» Les sept pieds de tourtia que M. Laurent a observés, se trouvant répandus de même dans tous les autres puits à charbon, de dix lieues à la ronde, sont donc une production postérieure à ce grand amas supposé de terre.
» Je vous laisse, monsieur, la chose à décider ; vous vous êtes familiarisé avec la nature pour en comprendre les mystères les plus cachés : ainsi je ne doute pas que vous n’expliquiez ceci aisément. »
M. Fougeroux de Bondaroy, de l’Académie royale des Sciences, rapporte plusieurs faits sur les bois pétrifiés dans un mémoire qui mérite des éloges, et dont voici l’extrait.