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THÉORIE DE LA TERRE.

« Toutes les pierres fibreuses et qui ont quelque ressemblance avec le bois ne sont pas du bois pétrifié ; mais il y en a beaucoup d’autres qu’on auroit tort de ne pas regarder comme telles, surtout si l’on y remarque l’organisation propre aux végétaux…

» On ne manque pas d’observations qui prouvent que le bois peut se convertir en pierre, au moins aussi aisément que plusieurs autres substances qui éprouvent incontestablement cette transmutation ; mais il n’est pas aisé d’expliquer comment elle se fait : j’espère qu’on me permettra de hasarder sur cela quelques conjectures que je tâcherai d’appuyer sur des observations.

» On trouve des bois qui, étant, pour ainsi dire, à demi pétrifiés, s’éloignent peu de la pesanteur du bois ; ils se divisent aisément par feuillets, ou même par filaments, comme certains bois pourris : d’autres, plus pétrifiés, ont le poids, la dureté, et l’opacité de la pierre de taille ; d’autres, dont la pétrification est encore plus parfaite, prennent le même poli que le marbre, pendant que d’autres acquièrent celui des belles agates orientales. J’ai un très beau morceau qui a été envoyé de la Martinique à M. Duhamel, qui est changé en une très belle sardoine. Enfin on en trouve de convertis en ardoise. Dans ces morceaux on en trouve qui ont tellement conservé l’organisation du bois, qu’on y découvre avec la loupe tout ce qu’on pourroit voir dans un morceau de bois non pétrifié.

» Nous en avons trouvé qui sont encroûtés par une mine de fer sableuse, et d’autres sont pénétrés d’une substance qui, étant plus chargée de soufre et de vitriol, les rapproche de l’état des pyrites : quelques