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THÉORIE DE LA TERRE.

cette mer a fait aussi sa retraite à peu près dans la même proportion ; ce qui semble prouver que toutes les côtes d’Espagne et de Portugal se sont, comme celles de France, étendues en circonférence. On a fait la même remarque en Suède, où quelques physiciens ont prétendu, d’après leurs observations, que dans quatre mille ans, à dater de ce jour, la Baltique, dont la profondeur n’est guère que de trente brasses, sera une terre découverte et abandonnée par les eaux.

Si l’on faisoit de semblables observations dans tous les pays du monde, je suis persuadé qu’on trouveroit généralement que la mer se retire de toutes parts. Les mêmes causes qui ont produit sa première retraite et son abaissement successif ne sont pas absolument anéanties ; la mer étoit dans le commencement élevée de plus de deux mille toises au dessus de son niveau actuel : les grandes boursouflures de la surface du globe, qui se sont écroulées les premières, ont fait baisser les eaux, d’abord rapidement ; ensuite, à mesure que d’autres cavernes moins considérables se sont affaissées, la mer se sera proportionnellement déprimée ; et, comme il existe encore un assez grand nombre de cavités qui ne sont pas écroulées, et que de temps en temps cet effet doit arriver, soit par l’action des volcans, soit par la seule force de l’eau, soit par l’effort des tremblements de terre, il me semble qu’on peut prédire, sans crainte de se tromper, que les mers se retireront de plus en plus avec le temps, en s’abaissant encore au dessous de leur niveau actuel, et que par conséquent l’étendue des continents terrestres ne fera qu’augmenter avec les siècles.