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de le laisser pénétrer dans la langue commune, et qu’on l’a, avec une répugnance énorme, permis exclusivement aux notaires qui, de leur côté, ont le bon sens de ne pas s’en servir. Et c’est ce mot-là que vous voudriez appliquer par extension à l’adoption des lois, quand déjà on n’ose s’en servir dans le plus baroque des styles ! Savez-vous quelle est l’expression reçue en France quand il s’agit de lois, de mesures, et autres choses « pareille comme » que la Chambre adopte ? On dit : Le passage d’une loi, le passage d’une mesure… voilà ce que vous entendrez communément tous les jours. S’il avait été possible d’adopter Passation, pensez-vous qu’on ne l’aurait pas fait ?

Et cependant, vous ne trouvez pas dans Littré le mot « passage » dans l’acception ci-dessus, ce qui prouve encore une fois que les Français qui, eux, ont le génie de leur langue, n’ont pas besoin de dictionnaires pour donner à un mot un sens nouveau ou pour étendre indéfiniment le sens primitif, suivant que ce génie le permet.

Des dictionnaires ! ah ! bien oui ; parlons-en. Mais il y a des milliers de mots dans les dictionnaires qu’il serait absolument impossible d’employer aujourd’hui, qui cependant étaient fran-