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dans le dictionnaire ; mais puisque “ francisation ” est français, les mêmes raisons existent pour que “ anglicisation ” le soit. Si ce mot n’est pas français, qu’il le devienne ; je le crée.


Dernièrement, un Montréalais (qui ne pose pas) faisait des gorges chaudes au sujet des Québecquois, cela va sans dire : « Quand on pense que ces Canadiens-là, s’écriait-il, quand ils veulent mouver, ils appellent cela « déménager ! »  

Un autre Montréalais — ces Montréalais ne doutent de rien ; on leur a tant dit et ils se sont tant dit à eux-mêmes qu’ils étaient hommes de progrès, qu’ils se croient tout permis. Voilà qu’ils veulent mettre un abîme entre eux et le reste de la province, dans l’intérêt de celle-ci, bien-entendu, en creusant le chenal St-Pierre jusqu’aux entrailles de la terre. Bientôt ils construiront un chemin de fer souterrain jusqu’aux mines de la Nouvelle-Écosse pour avoir le charbon directement et à meilleur marché chez eux, toujours dans l’intérêt de la province, c’est là l’expression sacramentelle dans ces sortes d’opérations — un autre Montréalais, dis-je, voulant se mettre en voyage, alla trouver un de ses amis : « Il y a longtemps, lui dit-il, que je vois dans les journaux : Un prince, un tel, la princesse celle-ci, le grand duc celui-là