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Page:Buies - Anglicismes et canadianismes, 1888.djvu/5

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Je ne demande au lecteur qu’une chose, c’est de bien se pénétrer des dangers réels et redoutables de la situation, de bien se persuader que le baragouin que nous parlons fait de nous des déclassés, ou plutôt des inclassables au milieu des autres peuples, et que si nous ne nous décidons pas enfin à parler le français comme il l’est communément partout ailleurs, à rendre nos pensées intelligibles, à leur donner des expressions claires, nettes et rationnelles, nous devons nous attendre à toute sorte d’humiliations et à des dédains bien cruels pour notre amour-propre.

Il est inutile d’insister davantage là-dessus dans un avant-propos : les exemples que je donne et la démonstration qui en résulte suffiront, hélas ! surabondamment à nous éclairer. Suffiront-ils à nous corriger ? Je l’espère, sans trop oser y croire. Il y a tant à corriger, du haut en bas dans notre éducation, que nous ne serons guéris du virus traditionnel que par des inoculations répétées et par des réactifs énergiques et multipliés.