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Page:Buies - Anglicismes et canadianismes, 1888.djvu/50

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tidienne ne soit pas absorbée par toutes ces bêtises de toutes les dimensions, et quel temps restera-t-il pour lire les grands auteurs et se former d’après eux ? Donc, on n’étudiera pas, et le manque d’étude amènera forcément la stérilité dans les productions : on emboîtera le pas les uns derrière les autres, et l’on se demandera pourquoi l’on ne peut pas se faire imprimer à son tour, en voyant que cela ne demande ni fond, ni originalité, ni habitude de l’analyse, ni connaissance raisonnée, sérieuse, de quoi que ce soit.

II

Encore un mot avant d’arriver aux exemples, et l’on verra combien j’ai raison d’appuyer sur des considérations préalables.

Je disais plus haut que nous n’avons pas le génie de la langue française. Cela saute aux yeux de l’étranger. Une foule d’expressions, de tours de phrase, de manières de parler courantes passent sans être remarqués par le commun des canadiens, mais stupéfient celui qui a le sentiment de la langue, qui sait, qui sent plutôt, sans l’aide de la grammaire ou du dictionnaire, que telle expression en usage est impropre, ou inexplicable ou inintelligible.

Nous sommes embarrassés les trois quarts du temps pour savoir comment nous exprimer ; si nous étions maîtres de la langue, nous ne serions pas sou-