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je viens de le dire, se commettent invariablement : elles sont le fait de tout le monde et constituent, par leur adoption communément et spontanément consentie, la plus flagrante preuve de l’altération rapide du sentiment de la langue française. Par exemple, l’emploi presque sans exception du passif, qui est la forme anglaise, au lieu de l’actif qui est essentiellement français. Ainsi les traducteurs diront toujours : « Une dépêche spéciale est publiée ce matin dans le Globe, » au lieu de : « Le Globe publie ce matin…

M… un tel a été approché (has been approached.)

« Un règlement à l’amiable est vivement désiré, » pour « on désire vivement… » ”

Que dire de celle-ci ? « Le maire de Marseilles a reçu une lettre annonçant que l’hôtel-de-ville serait fait sauter le jour de la Toussaint… »

C’est du sirhectorisme tout craché.

Autre exemple de l’amour incestueux du passif que les canadiens nourrissent conjointement avec celui du féminin :

« Nous sommes informés de Washington… »

Prépositions — Il y en a plusieurs qu’on emploie à tort et à travers, toujours, toujours, parce que l’on traduit de l’anglais, au lieu d’écouter la voix