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Page:Buies - Anglicismes et canadianismes, 1888.djvu/74

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Il paraît que, tout dernièrement, l’Académie Française a aboli les mots sujet et chaire qui avaient suffi jusqu’à présent à rendre en français le topic et le pulpit.

Un autre défaut commun à tous est l’absence de la négation. Je connais même un journal de cette ville qui en fait une spécialité.

Un autre défaut, c’est d’employer invariablement aucun pour un quelconque ou même pour tout, ce qui n’est pas exactement la même chose.

Sans doute aucun traduit littéralement any, et c’est là une excellente excuse évidemment ; mais cette excuse a un tort, c’est de faire dire le contraire de ce que l’on veut dire.

« À l’effet que, à l’effet de… » ; retranchez-moi cela, retranchez-moi cela ; ce sont des bâtons dans vos phrases, et comme vos phrases n’en ont déjà pas de reste pour se tenir, il est inutile de les embarrasser davantage.

Un autre défaut commun du style de journal, c’est le remplissage, c’est le chevillage, c’est l’introduction à tout propos de membres, ou de fractions de membres de phrase inutiles, boiteux, encombrants. Le canadien a une horreur singulière pour toute expression nette et claire de la pensée ; de là les ambages, les entortillements et les enchevêtrements de bouts de phrases les uns dans les autres. Dans ce pays, il n’y a rien de précis, d’ar-