Il faut porter à son pays un dévouement intense comme l’est le mien pour entreprendre cette campagne qui, après tout, ne me rapportera que des récriminations, des protestations, peut-être même des invectives, et, à coup sûr, de l’ingratitude ; mais j’ai appris dans le cours d’une carrière, qui compte déjà par quelques états de service, à ne jamais me laisser détourner d’un but à atteindre, quand ce but est légitime, louable, et mérite les efforts que l’on fait pour l’atteindre.
Il faut l’entreprendre, cette tâche si difficile, si délicate, si semée de pièges ! Il faut se risquer à heurter des susceptibilités peut-être respectables et à soulever des disputes qui, par cela même qu’elles roulent sur des mots, sont toujours plus violentes que les autres.
Le temps est venu, et il presse, où il faut mettre un terme au galimatias qui nous envahit, nous résoudre enfin à parler un français réel, et non pas, sous la dénomination trompeuse de français, un anglais travesti, corrompu, une forme interlope, également étrangère à la nature des deux langues. Le nombre des expressions dont nous nous servons, des tours de phrase que nous employons, qui sont purement anglais, et que nous croyons français parce que les mots qui les composent sont français, parce que nous appliquons aux mots des terminaisons françaises et que nous soumettons les phrases, par une traduction littérale, à de vé-