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LE CURÉ LABELLE

Au commencement de l’été de 1887, je me trouvais à Saint-Jérôme. J’y allais du reste tous les ans régulièrement et j’y restais un temps plus ou moins long, ne pouvant me priver du plaisir de passer quelques jours avec « mon » curé, chez lui, dans toute la liberté et la plénitude du plus agréable commerce qui exista jamais entre deux amis profondément dévoués l’un à l’autre. Le curé avait en tête violemment de m’envoyer faire une exploration dans le haut Outaouais, mais il n’avait pas un centin en caisse. Ni moi non plus, bien entendu : cela m’arrivait aussi.

Subitement, le curé me remet cinquante dollars : « Tiens, me dit-il, pars toujours avec cela et retrousse-nous quelques bons articles pour commencer ; nous verrons ce que nous pourrons faire après. »

Je partis et j’échouai en route pendant six semaines. Je me fiançai dans l’intervalle, ce qui n’était pas du tout dans le programme et ce qui n’avait pas été prévu. Le plus surpris ce fut moi-même de me trouver dans cet état. Je