Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/401

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varier enfin son séjour, on aime mieux rester chez soi que d’aller dans un endroit magnifique où l’ennui vous accable au bout d’une semaine. » Ils ont donc institué des services intermédiaires entre les diverses stations jusqu’alors tenues dans l’impossibilité de communiquer entre elles, et par cette simple facilité offerte aux voyageurs, ils en quintuplent le nombre ; et ce n’est pas tout, cela, c’est ce qu’on pourrait appeler, bien à tort, sans doute, mais enfin le préjugé le veut, c’est ce qu’on pourrait appeler, dis-je, le progrès purement matériel. Qu’à cela ne tienne ! Il y a mieux.

À l’esprit d’entreprise, les directeurs de la compagnie joignent l’esprit de prévoyance, une politesse intelligente qui ne se borne pas à des formes, mais qui a par-dessus tout un objet utile. Ainsi, non seulement les passagers sont traités à bord avec toute espèce d’attentions, non seulement des instructions sévères sont données pour que les employés fassent plus que leur devoir, qu’ils y mettent du zèle et une complaisance sensible, mais encore ils peuvent, grâce aux soins intelligents des directeurs, suivre d’étape en étape, le voyage qu’ils font et acquérir quelque notion exacte des lieux par la seule inspection des cartes géographiques, accompagnées de descriptions, qu’ils peuvent prendre au bureau avant de quitter le port de Québec. Partout ailleurs cela manque ; on est réduit à voyager aveuglément, à regarder sans pouvoir se rendre compte, et quand on demande des informations, on trouve des gens qui n’en savent pas plus long que soi.

Une fois à bord, comptez en outre que vous faites un voyage ravissant. Vous quittez Québec par un brillant jour d’été ; les campagnes sont pleines de