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Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/181

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VOYAGES


II


On ne s’attend pas sans doute à trouver dans une ville qui date de trente ans à peine beaucoup de monuments, de curiosités historiques ou d’antiquités. Cependant, si l’on se donne la peine de gravir l’amphithéâtre de sable qui domine la ville et qu’on pousse droit devant soi vers le rivage opposé du Pacifique, on arrive à une vieille construction âgée exactement d’un siècle, et qui n’est autre que la célèbre Mission Dolores. Mais pour y arriver, il faut passer à travers une brise glaciale qui souffle tous les jours de la mer, et qui soulève des nuages de sable tout autour de soi.

Cet établissement a été fondé en 1775 par des missionnaires espagnols qui, pendant soixante ans, exercèrent une autorité presque absolue sur les indigènes sauvages de la Californie. À son époque de gloire et de prospérité, la Mission possédait jusqu’à soixante-seize mille têtes de bétail, trois mille chevaux, huit cents mules, quatre-vingt mille moutons, cinq cents paires de bœufs à labour, cent-quatre-vingt mille boisseaux de froment et d’orge, et pour soixante-quinze mille dollars de marchandises.

C’étaient là des missionnaires qui gagnaient le paradis par un chemin assez agréable : heureusement que les flots de poussière qui les enveloppaient sans cesse leur rappelaient l’origine et les fins dernières de l’homme !  !………