Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

beaucoup de crédit et de considération, la maison Benjamin et Joseph Frobisher, et celle de Simon MacTavish. Dès ce moment, le commerce du nord-ouest de l’Amérique fut établi sur des bases plus solides qu’il ne l’avait jamais été, et la nouvelle société fit au moins autant d’affaires que la Compagnie de la baie d’Hudson, dont les établissements étaient pourtant bien mieux situés que les siens.[1]

De là était résultée entre les deux compagnies une rivalité qui souvent dégénérait en rixes sanglantes. Elles avaient toutes les deux à leur service un grand nombre d’hommes, qui parfois se livrèrent de véritables batailles rangées. La Compagnie du Nord-Ouest employait, pour sa part, cinquante commis, soixante et onze interprètes et commis d’interprètes, onze cent vingt rameurs ou conducteurs de canots, et trente-cinq guides. On désignait cette bande d’employés par le sobriquet de « mangeurs de cochon ». Ils se louaient ordinairement à Montréal, et leur voyage durait depuis le premier mai jusqu’à la fin de septembre. Les guides recevaient pour salaire de huit cents à mille livres, avec un habillement convenable ; les patrons, ou chefs de canots, de quatre à six cents livres ; et les rameurs, de deux cent cinquante à trois cent cinquante livres, avec une cou-

  1. Journal d’Alexander Mackenzie.