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la province de Québec


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Pendant longtemps le Saint-Laurent coule sur une largeur inégale, tantôt resserrant, tantôt élargissant son cours, parfois se déployant au point de former des lacs, comme ceux de Saint-François, de Saint-Louis, de Saint-Pierre, offrant çà et là des largeurs de trois à cinq milles, d’autres fois se rétrécissant à deux kilomètres, jusqu’à ce qu’il atteigne l’extrémité inférieure de l’île d’Orléans, trente-cinq kilomètres en aval de Québec, la capitale de la province.

À partir de ce dernier point son cours prend désormais un développement assuré et progressif. Au début, il aura vingt kilomètres de largeur et ne cessera de s’ouvrir de plus en plus, jusqu’à ce qu’il atteigne la Pointe-des-Monts, sur la rive nord, quatre cents kilomètres plus bas, point où son élargissement devient subitement tel que de fleuve il se transforme en golfe. Désormais, il s’épanchera en ondes semblables à celles de l’Océan qu’il ira bientôt rejoindre, après avoir baigné les rivages du Labrador canadien, ceux de l’île d’Anticosti, de la Nouvelle-Écosse, et enfin ceux de l’île du Prince-Édouard, sentinelle avancée de l’Amérique Britannique, qui, dans les parages brumeux et souvent orageux du golfe, apparaît comme une oasis verdoyante de cent trente kilomètres de longueur, où l’hiver n’a plus de rigueurs et où le sol offre l’aspect d’une végétation caressée par un printemps éternel.


II


À son entrée dans l’Atlantique, l’estuaire du Saint-Laurent a une largeur de 170 kilomètres ; 750 kilo-