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LA PROVINCE DE QUÉBEC

principe actif de tous les peuples civilisés, mais à peine encore soupçonnée, il y a un demi-siècle, par un peuple heureux, tranquille, vivant en paix sur ses terres et ne s’occupant du commerce que pour la vente de ses produits agricoles ; toutes ces causes réunies avaient fait que l’agriculture était restée dans le même cadre uniforme et restreint, celui de la production des céréales et des fourrages, consommés principalement à l’intérieur du pays. Mais les conditions économiques étant devenues toutes différentes sur la surface entière du globe, une évolution prodigieuse s’étant opérée dans toutes les branches de l’activité humaine, la province de Québec, entraînée dans le mouvement irrésistible, allait rapidement revêtir des transformations telles qu’elle apparaîtrait comme un pays tout nouveau, rompant avec décision ses langes et s’épanouissant dans une croissance vigoureuse, hardie, résolue et confiante dans ses propres moyens et dans ses propres forces.

En agriculture, l’évolution fut profonde, pas aussi étendue, pas aussi variée sans doute que dans l’industrie, laquelle revêt toutes les formes, mais assez décisive néanmoins pour contraindre le cultivateur à entrer dans des voies absolument nouvelles et à trouver de nouveaux cours pour des produits nouveaux. Dès lors allait naître et se propager en très peu d’années, sur une très grande échelle, l’industrie laitière, qui est la concentration sous une forme unique de produits divers du sol.


II


En présence de l’énorme production de blé du Nord-Ouest qui, à peine ouvert et labouré, était devenu