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La compagnie a acheté douze mille cordes de bois depuis un an, ce qui représente un déboursé de 30,000 dollars pour la matière brute seulement. Elle estime ses frais annuels à 70,000 dollars. Elle dépense dans le port de seize cents à deux mille dollars pour chaque steamer. Si le chenal était creusé jusqu’à Chicoutimi, les frais de manutention seraient amoindris, et la production aurait bientôt triplé.

L’expédition par chemin de fer est encore plus dispendieuse ; chaque wagon coûte trente dollars à la compagnie. Si elle pouvait s’exempter cette dépense, elle serait en mesure d’avoir des usines cinq fois plus grandes, de produire 200 tonnes par jour et d’employer sept à huit cents hommes. L’industrie du Lac-Saint-Jean aurait un débouché avantageux par Chicoutimi, dont elle n’est distante que de 70 milles, au lieu des 190 milles qui la séparent de Québec. On touche ainsi du doigt l’importance d’ouvrir complètement la navigation du Saguenay, qui, du reste, a à son embouchure un port naturel, accessible en toutes saisons, et où il ne gèle jamais, à cause de la profondeur exceptionnelle des eaux du Saguenay.

À Chicoutimi, le bois de pulpe ne revient qu’à $2.50 (12 fr. 50) la corde, et une corde de bois de 8 x 4 pieds (3 m. 50 cubes) donne une tonne de pulpe sèche. Nous parlons de l’épinette noire, qui abonde en cette contrée. Le sapin n’entre guère qu’à raison de 10 ou 12 pour cent dans la fabrication locale ; il en faut une corde et un dixième pour faire une tonne de pulpe, et d’ailleurs, cet arbre contient trop de gomme. Le bois est acheté en billots. Quand il est de trop petit diamètre, on l’écorce par simple frotte-