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la province de québec

pêcheries et de la chasse, signale les réserves comme étant un moyen d’assurer la conservation du homard, qui diminue d’une façon alarmante. « Il y a vingt ans, dit-il, je prenais assez facilement des homards pesant jusqu’à 18 et 20 livres, et la moyenne en poids s’élevait à 4 ou 5 livres. Aujourd’hui, le maximum en poids de ce crustacé dépasse peu 7 livres, et encore est-il rare, et la moyenne s’est abaissée, je crois, à 2 livres. »

III

« Le littoral du Grand-Nord est, en certaines parties, découpé à l’infini et tout garni d’îles ou d’îots rocheux groupés en telle abondance que la haute mer se trouve séparée de la côte ferme par une distance atteignant 10 à 12 milles.

« Entre ces îles et ces îlots se croisent et s’entrecroisent une multitude de chenaux, quelquefois très profonds, où pourraient parvenir des navires de fort tonnage, s’ils tentaient de s’aventurer en pareil labyrinthe. Mais il n’en est point ainsi, et seules les goélettes de petite dimension, les barges et les chaloupes osent s’y engager. La plupart des homarderies et des pêches à saumons s’établissent au cœur même de ces archipels.

« Sur une côte qui présente de telles dispositions physiques, on rencontre avec facilité des bassins intérieurs où l’eau salée conserve un niveau minimum permanent, tout en se renouvelant deux fois en vingt-quatre heures. Ces bassins sont éminemment propres à la reproduction du homard et l’on y rencontre souvent ce crustacé en quantité appréciable.