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la chasse

Le premier corps a bientôt fait de passer l’étroit goulot qui fait communiquer les eaux de l’Atlantique avec celles du golfe Saint-Laurent. Aussitôt entrés dans la mer intérieure que forme l’estuaire du grand fleuve, les phoques se dispersent le long des rives, par droite, par gauche, au nord, au sud, allant à travers les îlots, les rochers, les battures de sable, où ils trouvent abondante pâture de poissons et de coquillages ; ils revoient avec joie les glaces où ils sont nés l’hiver précédent. Des troupes nombreuses se dirigent vers les Îles-de-la-Madeleine, remontent les rives sud de l’Anticosti, pendant que le corps principal se distribue dans l’archipel qui borde la côte nord, montrant une préférence marquée pour l’entrée des rivières et les anses profondes où se forment les premières glaces, sur lesquelles les femelles devront mettre bas, généralement dans la deuxième quinzaine de février.


Le plus souvent la femelle n’a qu’un petit, quelquefois deux, très rarement trois. En naissant, le petit a la grosseur d’un chat, mais sa croissance est si rapide qu’il a déjà atteint le poids de cinquante à soixante livres, dès la fin de mars. C’est vers cette date qu’il a le plus de prix et que, partant, on le poursuit le plus activement. Il porte alors le nom de white coat ou capot blanc. Il mesure environ trois pieds de longueur, donne de quatre à cinq gallons d’huile et sa peau se vend de 75 centins à un dollar.