Page:Buies - La Province de Québec, 1900.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
la province de québec

IV

Déjà, vers le milieu de novembre, les loups-marins ont pris leurs quartiers d’hiver, dont ils ne s’éloignent que pour aller à la pêche. C’est ainsi qu’on les voit en nombre immense, quasi fantastique, dispersés tout le long du Labrador canadien, depuis le Saguenay jusqu’au détroit de Belle-Isle ; ils ne quitteront ces parages qu’après la naissance des petits et la saison des amours, vers la fin de mai, époque à laquelle ils regagneront les plages du Groënland, qu’ils ont quittées le précédent automne.

Cet immense troupeau de phoques, dont chacun représente une valeur moyenne de $3. est à nous, habitants de la province de Québec, à nous pour bien dire exclusivement. Tous les ans, il nous revient à la même époque, presque à heure fixe, conduit par des bergers inconnus, mystérieux ; et, de tous côtés, les glaces les entourent d’une barrière infranchissable. Cependant, chose étrange, les chasseurs de loup-marin du golfe n’ont pas encore à leur service un seul steamer, et ne font-ils la chasse que dans des goélettes, ce qui les retient dans une infériorité notoire vis-à-vis des chasseurs de Terre-Neuve.

* * *

Le parc de chasse du golfe Saint-Laurent a la forme d’un triangle dont la base, à l’ouest de Terre-Neuve, mesure près de trois cents milles, du nord au sud ; les deux grands côtés suivent les deux rives du fleuve jusqu’à la hauteur de Tadoussac, distance de