Page:Buies - La Province de Québec, 1900.djvu/95

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comme un tout homogène, en présence des éléments indéfiniment variés qui composent, sans la former, l’énorme population des États-Unis.


V


Dans le Dominion du Canada, composé de sept provinces dont une, le Manitoba, n’existait même pas en 1867, lors de l’établissement de la Confédération canadienne, dont une autre, la Colombie britannique, n’existait que de nom, dont trois autres, l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick étaient presque exclusivement anglaises, à part quelques groupes acadiens, cantonnés à l’écart, sans importance numérique ni politique, on remarque aujourd’hui le mouvement persistant, ininterrompu de l’élément français qui, lentement avance, grossit, pénètre de jour en jour les comtés anglais les plus près de la province de Québec, et s’impose au point que les partis politiques sont obligés de compter avec lui et de se le disputer. Ce fait eût paru tout simplement monstrueux, il y a quarante ans ; on l’aurait inscrit parmi les hérésies qu’il faut détruire par le fer et le feu, mais aujourd’hui cette hérésie compte près de trois cent mille fidèles dans les différentes provinces de la Confédération, en dehors de celle qui est presque exclusivement française, qui est la vieille province historique de Québec. Celle-ci contient, à l’heure actuelle, une population que l’on peut estimer à environ dix-sept cent mille âmes, en se basant sur le recensement de 1891, et d’après les calculs faits en 1897, les-