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LES SAINTS DU CALENDRIER

« Sainte Agnès, » d’un seul mot fit tomber raide mort un jeune homme qui s’était montré audacieux ; mais elle lui rendit la vie à la prière de son père.

« Sainte Agnès » fut martyre, condamnée à être brûlée, dit « saint Ambroise » ; mais les flammes refusèrent de la consumer, et le juge la fit tuer d’un coup d’épée.

Il y a au moins soixante martyrs dont on raconte la même chose, sans expliquer davantage pourquoi la puissance divine qui les préservait des flammes ou des bêtes féroces ne pouvait pas ou ne voulait pas les préserver du glaive.

Je citerai seulement :

« Sainte Julienne, » dont on raconte sans aucune preuve et sans vraisemblance qu’un juge ordonna de lui arracher les cheveux avec la peau de la tête.

Cela ne lui causa aucun mal.

Il ordonna de la faire rôtir dans une fournaise.

Cela lui fut indifférent.

Alors il la fit frire dans l’huile bouillante.

Ce qui sembla la rafraîchir [textuel].

Mais lorsque ce même juge ordonna de lui trancher la tête, Dieu ne s’y opposa pas.

On maria saint Aubert et sainte Angradesme. — Saint Aubert refusa net de consommer le mariage ; de son côté, sainte Angradesme obtint de Dieu d’avoir le visage couvert d’ulcères. Les deux époux, alors au comble de leurs vœux et si bien d’accord, ne s’occupèrent plus que de leur salut.

Saint Benoît n’avait rien trouvé de mieux pour faire plaisir à Dieu, dit saint Grégoire, que de se rouler tout nu dans les orties.

En parlant de sainte Radegonde (cette reine qui aimait tant les puanteurs) j’ai oublié un détail curieux ; « elle feignait des nécessités, dit saint Grégoire de Tours, pour quitter la nuit le lit où elle reposait à côté de son mari, et aller se coucher sur la terre nue et prier. »

Pour lui il se mit dans un petit coin et s’y tint debout pendant quarante jours sans s’asseoir ni s’agenouiller, sans user de pain ni d’eau, et mangeant seulement quelques feuilles de chou cru le dimanche.

Entre les autres austérités que l’on rapporte de saint Macaire, on dit que, « l’esprit d’impureté le pressant par de violentes tentations, » il s’en alla dans un marais où il y avait des « moustiques et des cousins gros comme des guêpes, et où il s’établit tout nu pendant six mois. Or, ces moustiques avaient des aiguillons si pénétrants que la peau même des sangliers n’était pas à l’abri de leurs piqûres. »