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des journaux trempés d’eau bénite, ne s’exclamait-elle pas en présence des statistiques du Journal de l’Instruction « que nous étions le peuple le plus instruit de la terre, et que, dans aucun autre pays, il n’y avait une si forte proportion d’enfants fréquentant les écoles ? »

Aujourd’hui, nous voilà devenus le plus ignorant peuple du monde, et les statistiques ne sont qu’un mirage.

Seuls, les démagogues, perturbateurs, destructeurs, comme moi, restent fidèles à ce qu’ils ont dit d’abord, parce qu’ils ont besoin de ne rien dire que d’incontestable, sans s’occuper des cris et des tempêtes.

La Minerve prend du reste un soin scrupuleux de démontrer par son propre exemple combien est juste ce qu’elle dit aujourd’hui.

En jetant un coup-d’œil sur ses Informations quotidiennes, j’y vois les expressions suivantes qui sont faites pour démolir toutes les statistiques imaginables du Journal de l’Instruction Publique. Réparages. — La sympathie de la France vis-à-vis de l’objet de l’ambassade Chinoise.

Senor Sagosta accuse les réactionnistes, de vouloir empêcher de prendre le plébiciste.

Et cela dans un seul numéro, s’il vous plaît !

Quand, il y a quelque temps, je me moquai des traductions de la Minerve, et fis voir par là combien il était difficile de trouver un jeune homme sorti de nos collèges avec assez de connaissance du français, de l’histoire et de la géographie, pour faire un simple traducteur de dépêches, je vis tomber une fois de plus sur moi les tuiles consacrées.

La Minerve donna entre autres pour excuse qu’il était bien naturel que des expressions incorrectes se glissassent dans des traductions faites la nuit à la hâte.

Eh bien ! il me semble que le Pays a, lui aussi, des traductions à faire, dans le même temps absolument que la Minerve, sans plus d’avantages, si ce n’est qu’il a plus de dépêches, et voici comment il a rendu la même phrase :

Senor Sagosta, ministre de l’intérieur, attribue les derniers troubles à Cadiz et à Malaga aux intrigues des réactionnaires, et il prétend que leur objet est de prévenir le plébiciste.

Ceci, au moins c’est du français.

Il est vrai que le Pays ne commence pas tous ses articles par des Veni Sancte, et ne finit pas ses traductions par des signes de croix.

Voici, du reste, comment le Pays répond, dans un article plein de justesse et d’à-propos, à tous ces braillards de la jeunesse incerto-conservatico-libérale qui font leur apparition de temps à autre, et