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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/242

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« Les mœurs sont prescrites et maintenues par les lois ; de là ce code de politesse auquel la cour et le peuple doivent se conformer, et ces nombreux préceptes pour les choses les plus ordinaires. L’esprit de famille, ce sentiment qui règne entre frères, règne au fond de toutes choses. Il y a des tribunaux qui jugent les fautes contre les manières et les récompenses à donner à la vertu. »

Exemple : Un Chinois qui aura eu la chance d’avoir des jumeaux et de les faire manger ensemble par le même cochon, sera considéré comme le plus vertueux des hommes et décoré de l’ordre du Bain ou de la Jarretière.

« L’esprit public est très développé ; ainsi les Chinois riches bâtissent des abris pour les voyageurs, d’autres réparent volontairement les grands chemins, (afin que les cochons, leur idole, puissent marcher à leur aise). Un homme est souvent condamné à nourrir et à vêtir quelque temps chez lui des vieillards et des orphelins »

Ces orphelins sont des enfants qui n’ont pas de pères ; c’est-à-dire dont les pères ont été mangés par les cochons en venant au monde.

Je connais des campagnes entières où les gens n’osent sortir la nuit où quelqu’un est mort sans être muni de tous les sacrements. Ils croient voir son âme courir sur les clôtures, sauter par-dessus les fossés, sous la forme d’un diable à longue queue, ou d’un loup-garou à cornes ayant au flanc une flammèche de feu. D’autrefois, c’est un crocodile ouvrant une gueule enflammée, tout ce que l’imagination peut enfanter de terreurs chez l’ignorance.

Et remarquez que nous sommes en 1869. Mais que font les dates dans les pays où le clergé s’épuise en sacrifices pour l’instruction du peuple, comme dans le nôtre !  !

Eh quoi ! il n’y a pas quinze ans, il n’y a pas dix ans peut-être, les premiers pasteurs suisses qui vinrent faire de la propagande en Canada étaient regardés comme des bêtes fantastiques, tout à fait impossibles. On ne concevait pas qu’ils pussent exister ; les gens se signaient en les voyant passer, d’autres plus hardis s’approchaient et s’émerveillaient de voir que ces êtres avaient des bras, des jambes, mangeaient et buvaient.

Enfin on finit par constater qu’ils étaient bien des hommes. C’était un grand pas de fait, et le clergé a encore sur la conscience les sacrifices qu’il fit à cette occasion pour instruire le peuple.

Mais dès qu’on vit qu’ils étaient des hommes, on comprit qu’il fallait les lapider.

Quelques uns d’entre eux avaient de pauvres vieux chevaux qui les transportaient dans leurs courses de missionnaires à travers les