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aussi désireux de les voir augmenter en nombre et en influence, de sorte que, quelque plaisir qu’ils puissent éprouver à voir prospérer la province de Québec, ils ne feront jamais rien pour le rapatriement.

« Cependant un grand nombre d’ouvriers entretiennent encore l’espoir de pouvoir un jour revenir à Québec, avec un capital suffisant pour s’établir sur une ferme. Mais comme la majorité d’entre eux appartient à la classe la plus pauvre, il leur faut quelque temps pour réaliser leur projet ; ils ne sont pas aussi économes qu’ils l’étaient au Canada, il y a beaucoup d’occasions de dépenses et les salaires sont bas, à cause de la grande concurrence.

« Les jeunes gens nés ici et ceux qui, arrivés jeunes, y ont été élevés, à peu d’exceptions près, ne reviendront jamais demeurer à Québec. Ils sont essentiellement américains, et autant vaudrait essayer de persuader aux Canadiens de retourner aux terres de la vieille France que d’induire ceux-là à retourner au Canada.

« Le nombre des Canadiens français augmente d’une façon étonnante dans la Nouvelle-Angleterre. Ils ont des avantages immenses sur les autres émigrés. Les chefs des fabriques leur donnent invariablement la préférence, leurs amis ici font des arrangements pour les recevoir, de