Page:Buies - Les comtés de Rimouski, de Matane et de Témiscouata, 1890.djvu/87

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milles plus haut demeurait un nommé Georges Doll, dont la principale fonction était de baliser le lac Témiscouata, l’hiver, afin que le postillon, qui portait la malle tous les quinze jours, et les voyageurs pussent trouver leur chemin. L’ancienne route militaire avait été grossièrement pratiquée dans la forêt ; on n’y passait, l’été, qu’entre la Rivière-du-Loup et le lac Témiscouata, une distance d’environ cinquante milles, que l’on mettait trois jours à parcourir. À partir du lac jusqu’à Edmundston on allait en canot par la rivière Madawaska, laquelle porte les eaux du lac dans la belle et puissante rivière Saint-Jean, trente milles plus loin. Ce voyage en canot se faisait le plus aisément et le plus agréablement du monde, dans une rivière qui n’a pas de rapides et dont les rives très basses et néanmoins très pittoresques forment les contours d’une vallée étroite et remarquablement fertile. On avait cependant un portage à faire, mais cela était à l’arrivée même à Edmundston, que l’on a pour cette raison appelé le « Petit Sault » ; c’est un rapide d’une allure modeste, par lequel la Madawaska se jette dans la rivière Saint-Jean. Il arrivait même autrefois que l’on sautait le rapide, sans plus de façon. À cet endroit, longtemps appelé le « Petit Sault » et aujourd’hui Edmundston, il n’y avait qu’une seule et unique maison, habitée par un