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l’espèce de poésie romanesque qui s’y rattache, et le charme d’une pareille découverte l’a empêché d’abord de voir autre chose que l’enfant retrouvé.

C’est là le sentiment qu’on retrouve presque à chaque page de ce qu’il a écrit sur le Canada et sur sa littérature. On sent qu’il a constamment envie de nous presser sur son cœur, qu’il s’ingénie de cent façons à éviter tout ce qui pourrait blesser notre susceptibilité si aisément mise en émoi, et qu’il donnerait tout au monde pour qu’il y eût véritablement des écrivains canadiens tels qu’il les peint, tels qu’il les habille pour les montrer à un public raffiné. On s’attend à tout moment à ce qu’il en invente pour qu’il n’en manque dans aucun genre et que nous n’ayons pas l’air de faire défaut en quoi que ce soit, tant son indulgence abonde et tant il semble craindre de n’avoir pas assez d’encouragements à verser dans nos âmes.

Cependant, M. Lefaivre revient de temps à autre à l’appréciation, comme dans cette page où il écrit :

« Au lieu d’exprimer l’ambition, l’humeur inquiète, les excitations fiévreuses, le go a head d’une nation sans passé, impatiente de croître et de s’enrichir, la littérature canadienne vit de traditions et de souvenirs, conserve de la déférence pour l’Europe, surtout pour l’Europe de l’ancien