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Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/41

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part, l’inviolabilité d’un immeuble dont le propriétaire est inconnu, formule périodiquement des remontrances très-vives à l’adresse du gouvernement local et vote ensuite de nouvelles augmentations de taxe sur les propriétés non sacrées.

Toutefois, un bruit de nature à porter le trouble dans les âmes qui ont horreur du civil, autrement dit de l’État, a couru les rues de la capitale hier et avant-hier. On disait que le gouvernement avait consenti à admettre son droit de jeter à terre le collège des Jésuites, mais qu’il le ferait faire par des entrepreneurs spéciaux qui auraient un an devant eux pour exécuter leur contrat. Si c’était là un moyen terme, un biais quelconque pour sortir d’une difficulté gigantesque, je dirais qu’il est avec le cabinet local des accommodements, mais personne ne saurait comprendre pourquoi l’ancien collège des Jésuites cesse d’être « propriété de l’Église, » parce qu’on lui affecte un démolisseur qui n’aura pas l’air pressé.

Il n’y a donc aucune raison de croire à cette rumeur vraiment subversive, quoiqu’elle soit conforme à la tradition québecquoise qui exige dix ans pour tout ce qui peut se faire en six mois. Je dis dix ans, et je suis bien modeste. Savez-vous depuis combien de temps on parle de prolonger la terrasse Durham jusqu’au glacis, d’où l’on aurait la plus belle vue du monde, un spectacle dont on est d’autant plus avide qu’on en jouit plus souvent et plus longtemps ? Voilà bien vingt ans au moins. Cette petite opération ne coûte-