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québec en 1900

En présence de cet effort gigantesque, accompli sous nos yeux, avec des ressources très limitées et à travers des difficultés qui paraissaient insurmontables, même aux esprits les moins prévenus, il n’est plus possible à notre public d’être enfant comme il l’était encore il y a une dizaine d’années. Nous devons puiser dans cet exemple suffisamment d’audace et d’esprit d’entreprise pour ne plus reculer devant aucune tentative, quelque transcendante qu’elle paraisse d’abord, afin d’assurer le progrès et la grandeur future de notre ville. Nous devons y avoir appris à ne plus commencer, suivant notre louable habitude, par bafouer et par dénigrer les entreprises qui ont pour objet de nous secouer dans notre torpeur et de nous apporter d’incalculables résultats.

Cette torpeur nous a été chère longtemps et il nous était douloureux d’en sortir, comme il l’est au patient qui ignore son mal et qui peste contre le médecin, lorsque celui-ci lui administre une potion énergique qui doit le secouer et l’agiter dans tout son être.

Que je me sens à l’aise, Messieurs, pour parler aujourd’hui comme je le fais, et que j’y trouve de satisfaction personnelle. Accordez-moi, je vous prie, de pouvoir l’exprimer à la hâte devant vous. Voir juste, des années d’avance, et assister à la réalisation de ses prévisions, à travers mille obstacles surmontés, c’est là un des plus grands bonheurs qui soient donnés à l’homme dans cette vallée de larmes, où, tout de même, il y a encore suffisamment de sourires pour que nous ayons le courage de la parcourir tout entière.