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québec en 1900

Il y a sept ans exactement, alors que la ligne du Lac St-Jean n’avait encore atteint que la Rivière à Pierre, au cœur des forêts et en pleines montagnes, à 58 milles seulement de Québec, et alors que personne, mais absolument personne, à part quelques rares initiés, ne voulait rendre justice à la Compagnie dont nous parlons ni croire à la sincérité de ses projets, je fis dans une grande salle publique de Québec, à quelques mois d’intervalle, deux conférences, la première pour détruire les préjugés existants et montrer au public la ligne se poursuivant toujours, encore bien plus rapidement qu’on ne l’eût pensé, en même temps que je faisais une description de tout le pays jusqu’à la Batiscan, description accompagnée de considérations générales sur l’entreprise, la deuxième conférence, lorsque la ligne, après une saison seulement d’ouvrage, mais une saison enragée, car il y avait à la tête des travaux, dans la personne de M. Beemer, un homme habitué à l’action ferme et rapide, lorsque la ligne, dis-je, avait déjà franchi tout l’espace compris entre la Batiscan et le lac Édouard, et donnait désormais des preuves non équivoques de ce qui allait suivre, d’autant plus que les travaux se poursuivaient avec une ardeur ininterrompue.

Ce fut une révélation. Dès lors tous les yeux se tournèrent de ce côté. Des clubs de chasse et de pêche commencèrent presque immédiatement à se former, des exploitations nouvelles s’établirent sous forme de scieries et de moulins divers, des terres se défrichèrent, des endroits absolument inconnus devinrent familiers à tous les esprits, en même temps que s’y groupaient des centres naissants, enfin tout