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Page:Buies - Récits de voyages, 1890.djvu/101

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sur les grands lacs

où le retiennent ses amarres ; il entre doucement, précieusement dans le canal Sainte-Marie, en sort vingt minutes après et glisse encore quelque temps entre deux rives rapprochées : puis rapidëment, en quelques minutes, ces deux rives s’écartent et forment comme une large baie que le steamer franchit au pas de course. Nous atteignons le cap Gros, énorme rocher turriforme de mille pieds d’élévation, qui, avec le cap Iroquois, son vis-à-vis et son pendant sur la rive américaine, forme ce que le célèbre naturaliste Agassiz appelait les « portiques du lac Supérieur. » En un instant, les deux caps sont derrière nous ; les rives, de chaque côté, n’apparaissent plus que confusément ; au loin cependant, le promontoire "White Fish", qui s’avance à plusieurs milles au large, semble vouloir à son tour fermer l’accès du grand lac, mais lui aussi disparaît rapidement à nos yeux et nous voilà enfin glissant sur l’abîme redoutable du lac géant, dont le cristal profond cache les plus terribles tempêtes.

Cet océan d’eau douce, qui remplit de son énorme masse un bassin profond de neuf cents pieds, a une superficie de trente deux mille milles et une longueur de côtes de mille trente