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Page:Buies - Récits de voyages, 1890.djvu/140

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récits de voyages

isolés de maisons, par des stations de pêche ou de chasse, par les établissements des clubs, par des chantiers et des cabanes de défricheurs, qui ne tarderont pas à être converties en demeures permanentes ; et avant un quart de siècle, tout ce vaste territoire intérieur sera comme encerclé par une série non interrompue de colonies qui, partant de la capitale, longeront le fleuve jusqu’au lac Saint-Jean, et de là redescendront, en suivant la ligne du chemin de fer, jusqu’à ce qu’elles soient revenues à leur point de départ.

Ceux qui verront ce noble spectacle ne sauront peut-être pas à quels labeurs pénibles, à quels sacrifices, à quels efforts multipliés ils le devront. Qu’importe ! Ils moissonneront ce que nous aurons semé. Ainsi les générations se succèdent les unes les autres, en recueillant le fruit des sueurs de celles qui les ont précédées. Faisons notre œuvre ; nos neveux et nos fils feront la leur. Nos pères nous ont légué un pays à peine défriché ; nous léguerons à ceux qui nous suivront un pays agrandi, enrichi, sillonné par vingt chemins de fer là où il n’y avait jadis que de chétifs chemins de colonisation, bons tout au plus à casser le cou des téméraires qui s’y aventuraient ; et nos descendants auront