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à travers les laurentides

la forêt, voilà tout. Aujourd’hui on y voit les usines que la Compagnie a fait construire et deux maisons de pension où se retirent les employés de la ligne et les quelques rares voyageurs qui vont jusque là l’hiver. Dans le canton Bois, que cette rivière traverse, une centaine de lots ont été concédés à des colons, et une quinzaine de défrichements entrepris à grand’peine sur un sol peu propre à l’agriculture. On voit çà et là, tristement, misérablement, percer à travers la forêt quelques cabanes de défricheurs, faites de troncs d’arbres empilés les uns sur les autres, et recouvertes d’un toit bas, écrasé, s’élevant très légèrement en pointe, et troué au plafond afin de donner passage au tuyau de poêle intérieur, lequel ne ressemble en rien aux fournaises à vapeur de nos maisons de ville.

Aussitôt arrivé, je me rendais chez M. St. Onge, colon, marchand, devenu depuis maître de poste de l’endroit, le premier qui y ait construit ce qu’on appelle un chantier, en anglais log-house, sorte de hutte en troncs d’arbres bruts, de six à huit pouces de diamètre, dans les intervalles desquels on met des bourrelets de paille pour se garantir de la pluie, du vent ou du froid.