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récits de voyage

et qu’ils occupaient au moyen de forts détachés ; c’était de plus, dans un avenir prochain, la conquête de toutes les colonies étrangères qui bordaient l’Atlantique jusqu’à la Floride. Les Américains le sentaient bien, eux qui avaient équipé à leurs propres frais plus d’une expédition, par mer et par terre, pour attaquer nos murs, eux qui représentaient sans cesse à l’Angleterre, dans leurs demandes d’hommes et d’argent, qu’il fallait supprimer la France en Amérique, et, pour cela, la frapper à la base même, lui enlever Québec, le pivot de son empire colonial, et que tout ce qui serait fait en dehors de cet objet ne serait que peine perdue, que sang inutilement versé.

Et certes, avouons qu’il fallait en finir, qu’un dénouement était aussi désirable qu’inévitable. Cette lutte horrible, qui mettait ainsi aux prises sans relâche deux peuples héroïques, pour chacun desquels il y avait certainement une large place sur ce vaste continent, était arrivée à un degré d’irritation, d’animosité et de sauvagerie qui menaçait de faire disparaître la civilisation dans le gouffre même de la barbarie qu’elle était venue combattre. Les Indiens, altérés de sang, ivres de pillage et de destruction, atteints