qui, une fois monté à cheval, s’imagine qu’il n’en descendra jamais.
Un beau matin, Joseph Turgeon vint me trouver : « J’ai deux sujets à t’offrir, me dit-il ; j’ai leur cause en main, mais je ne m’en charge pas, elle est désespérée. L’un est un pauvre diable, que je crois innocent, mais qui s’est fait pincer de la manière la plus sotte ; l’autre est un pendard épouvantable, que le jury condamnera d’avance, rien qu’en l’apercevant. »
C’était un début plein de promesse.
J’adoptai immédiatement le pendard et me rendis à la prison, pour le questionner et me convaincre de son innocence, comme tout avocat consciencieux doit le faire au préalable. Cette entrevue me laissa peu rassuré — j’avais encore des scrupules à cette époque — mais je résolus néanmoins de tenter l’aventure, et, au jour du procès, je me présentai devant la cour des Sessions de Quartier, survêtu d’une robe d’avocat empruntée à Geoffrion.
Il y avait foule de jeunes confrères, venus pour assister à la plus comique des plaidoiries. Ça ne fut pas long. Sur tous les