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RÉMINISCENCES

par les mains savantes de mon ami Husmer Lanctot, le plus ad-unguémissant des enfants de Thémis.




J’ai encore un nom à citer, cher lecteur, parmi ceux qui constituaient alors notre fréquentation intime, mais j’en ai presque peur. Et pourtant ce n’est ni le moins aimé ni le moins estimé de tous ! Je prie l’auteur de Zouaviana de ne pas s’offusquer de paraître dans le défilé de ces souvenirs de plus de vingt-cinq ans, puisque le terrain où je l’appelle est purement celui de l’amitié et de la camaraderie.

Oui, nous comptions au nombre de nos bons et fidèles compagnons le futur zouave pontifical, Gustave Drolet. Ô Destinée ! n’es-tu pas toute faite de contrastes ? Je me trompe. Quoique nous pussions différer sur des points essentiels, nous avions tous une même âme et nous étions semblables par notre amour pour l’humanité, quelles que fussent les voies qui conduisissent au bonheur qu’elle cherche et, qu’à nous tous, nous n’avons pas réussi encore à lui procurer.

Gustave, cependant, évitait avec un soin extrême de s’arrêter, pour y folâtrer, même légèrement, aux taillis qui bordent la route de la jeunesse inexpérimentée. Pressentant son rôle de croisé futur, il se couvrait dès lors d’une robe immaculée. Mais il était assurément loin de se douter qu’un jour lui aussi deviendrait auteur. Et pourtant, il en avait bien tous les