droits ; il a même celui de n’en pas éprouver tous les déboires. Puis-je le lui souhaiter ? Je le veux bien, de tout cœur : mais je ne puis rien contre la fatalité inexorable. Se faire auteur c’est vouloir attirer sur soi toutes les haines, toutes les envies, tout l’effort des basses et odieuses passions qui tourmentent les incapables et les salisseurs de réputation ; c’est consentir à faire de soi d’avance la cible des coups les plus envenimés, des traits les plus perfides et les plus lâches ; c’est enfin accepter d’être à toute heure du jour le point de mire des plus noires calomnies et des attaques les plus honteuses.
Ô mon ami ! Prends la coupe et bois-la, si ta main est robuste et ton cœur ferme : mais je te plains de provoquer ainsi, de gaité de cœur, les reptiles qui grouillent dans l’ombre et dont la bave salit toujours le talent, quand elle ne le tue pas !
Rappelons enfin, pour clore la liste : premièrement, ce pauvre Aristide Piché, mort aussi lui il y a une quinzaine d’années déjà, brave garçon qui avait énormément de facilité et de goût littéraire, qui me suivait comme mon ombre, ne voyait que moi et ne jurait que par moi, qui faisait toutes mes écritures, qui lisait pour moi des heures entières et que j’entraînais,