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RÉMINISCENCES

comme un satellite, dans toutes mes marches et contremarches, expéditions et reconnaissances.

Deuxièmement : un type des plus singuliers et des mieux accusés, vrai descendant des coureurs de bois d’autrefois.

Il s’appelait à lui tout seul « Jean-Baptiste Couillard Mimi Des Prés de Boisbriand de l’Épinay », et ce n’était peut-être pas tout encore. Probablement avait-il oublié d’ajouter à cette nomenclature un « de Saint ceci ou de Saint cela »,… espèce de prolongement bizarre que l’on voit parfois accolé à un nom canadien, comme une queue qui aurait poussé mystérieusement à un ours, l’hiver, dans son tronc d’arbre.


IV


Transportons-nous maintenant aux années qui s’écoulèrent de 1861 à 1869 inclusivement, années pendant lesquelles nous occupâmes plus particulièrement la scène, et pendant lesquelles le Montréal moderne, brisant de toutes parts sa coquille, s’élançait vers l’avenir, déjà par enjambées gigantesques.

Ces temps ne sont pourtant pas bien éloignés, et, néanmoins, ils étaient si différents du temps actuel que les jeunes gens d’aujourd’hui s’y trouveraient comme dans un autre monde,