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Page:Buies - Sur le parcours du chemin de fer du Lac St-Jean, deuxième conférence, 1887.djvu/10

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et qu’aucune de ses parties ne peut s’établir qu’à la condition de la souffrance, de la privation et de l’angoisse incessamment renouvelée. C’est là l’histoire de chaque défrichement successif, même de nos jours où tant de sollicitude s’attache à la colonisation et où l’on cherche par tant de manières à venir en aide au défricheur, soit par un budget spécial, hélas ! bien souvent détourné de son objet par des cupidités locales, soit par des sociétés de colonisation qui se chargent des frais d’établissement, soit enfin même par des loteries comme celle que vient de tenter le curé Labelle, et dont le succès est tout ce qu’on peut espérer d’un coup d’essai.

Ce n’est pas le riche qui colonise ; c’est celui qui n’a que sa hache et qui, avec ce seul outil, parvient à ouvrir de vastes étendues de forêt, à créer pour nous de nouvelles demeures, de nouvelles richesses, à féconder des contrées nouvelles où notre race pourra se développer de plus en plus à l’aise en conquérant de plus en plus le sol. Le défricheur, voilà l’homme qui doit obtenir de n’importe quel gouvernement la plus grande part d’attention, de sollicitude et d’aide, de même que la colonisation doit être le premier et le plus important article de n’importe quel programme ministériel.

Un soir de fin d’octobre dernier, je descendais à la rivière à Pierre, à 58 milles de Québec, sur le parcours du chemin de fer du Lac Saint-Jean. La rivière à Pierre était alors et est encore la dernière station de