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la ligne régulière, quoique des trains tout aussi réguliers, mais encore sous le contrôle de l’entrepreneur, allassent à cinquante et vont aujourd’hui à 60 milles au-delà.

Aussitôt arrivé, je me rendais chez M. St. Onge, colon, marchand, devenu depuis maître de poste de l’endroit, le premier qui y ait construit ce qu’on appelle un chantier, en anglais log-house, sorte de hutte en troncs d’arbres bruts, de six à huit pouces de diamètre, empilés les uns sur les autres, et dans les intervalles desquels on met des bourrelets de paille pour se garantir de la pluie, du vent et du froid.

Quand St. Onge arriva dans la région de la rivière à Pierre, il y a bientôt trois ans, il n’y avait absolument qu’une seule hutte dans tout le pays, et cette hutte était la propriété d’un nommé Perrault qui pensionnait chez lui trente à quarante travailleurs des chantiers de bois, probablement empilés les uns sur les autres comme les troncs d’arbres eux-mêmes, mais sans paille dans les intervalles. Dans ce temps-là l’existence future du chemin de fer du Lac St-Jean était un problème extrêmement incertain ; personne n’y croyait, tandis qu’à peu près tout le monde n’y voyait qu’une entreprise de spéculateurs pour exploiter le bois de sciage et de chauffage qui s’y trouvait en abondance. Il n’y avait de fait que le tracé de la ligne ; les chevaux n’allaient pas plus loin qu’à la Rivière Noire, à six milles en-deçà de la rivière à Pierre, et les bœufs, faute de chemins pour se diriger, se perdaient dans les bois. Le log-house de Perrault n’avait pas même de plancher ; il avait été dressé sur la terre brute