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Certains esprits distingués, entre autres Lord Dufferin et le publiciste Joachim Miller, frappés du caractère particulier de notre peuple, de sa destinée unique, incomparable dans l’histoire des autres peuples, ont annoncé, depuis une dizaine d’années déjà, qu’il était appelé à jouer un rôle important dans l’Amérique du Nord. J’oserai aller plus loin, messieurs, et en présence de la marche progressive, envahissante, de notre race qui s’avance, en refoulant doucement mais sûrement devant elle les autres populations et en les remplaçant incessamment, et sur l’heure, sur le sol même qu’elles ont défriché et cultivé, toujours se maintenant elle-même intacte et cohésive, j’oserai dire que dans cinquante ans d’ici l’élément franco-canadien jouera un rôle prépondérant dans l’immense Amérique du nord, dans cette même Amérique peuplée aujourd’hui par cinquante-cinq millions d’hommes étrangers à notre origine

Messieurs, l’avenir est à la race la plus féconde ; qu’il me suffise d’établir ce principe comme une base certaine et générale. Ah ! si mon sujet me permettait de vous le montrer dans son action constante et quotidienne, de vous montrer toutes les conséquences qu’il impose, toutes les considérations qu’il fait naître inévitablement, de vous exposer enfin quelque peu des études que j’ai faites pour suivre pas à pas le flot montant de notre nationalité dans chaque comté, dans chaque canton, tant dans notre propre province que dans les Provinces Maritimes, que dans Ontario, que dans les États-Unis, jusqu’aux extrêmes limites de l’Ouest Amérique, quel plaisir n’en ressentirais-je pas,